Travail et bien-être sont ils incompatibles?
Le rappel de l’origine de l’étymologie du mot travail nous invite à rester sur la position d’une opposition entre travailler et être bien ( du latin tripaliare- tripalium = relatif à la torture, puis la définition évolue au XIIème siècle “travailleur” est celui qui tourmente). La question est de savoir si ça change, et dans un sens intéressant.
Les changements d’éthique existent dans le domaine du management. Mais ils sont loin d’être appliqués partout.
Celui à l’ancienne cotoyant les nouvelles formes, il y a un panel de pratiques variées. Maintenant il existe de nouvelles manières de faire, elles sont à la mode certes et méritent à mon sens un grand intérêt, car des valeurs (de belles) ont conduit ces évolutions. Ainsi les modes participatifs, dont les assemblées de décisions qui cooptent différents niveaux de la hiérarchie, se mettent en place dans les organisations. On inclus, on consulte, on va vers de l’horizontalité…enfin pour ceux qui acceptent le changement, qui y croient.
Des changements ont véritablement eu lieu dans certains milieux professionnels et certaines entreprises “inspirées”. Concernant les modalités de travail, on rencontre dorénavant différentes formes d’actions nouvelles, dont la flexibilité horaire, le travail à domicile. La notion de souplesse est plus présente. Les semaines sont modulables et les nombres d’heures plus restreintes que 50 ans en arrière (okay pas toujours, pas pour tout le monde) . Des aménagements comme des zones de repos au sein de l’entreprise, des services aux salariés permettent de faciliter la vie des employés. Les salariés ne sont pas toujours de la main d’oeuvre corvéable à merci…même si des sociétés et employeurs peu scrupuleux exploitent leurs travailleurs en exigeant toujours plus. On ne peux résumer le paysage actuel à quelques exemples. Il y a une diversité importante de conduites, entre les pro-humains et les autres davantage restés dans l’air de la rentabilité à tout prix.
Il y a également une grande différence selon que l’on travaille pour un petit employeur ou un grand groupe et selon l’activité en elle-même. Dans les domaines concurrentiels, quand cela se joue au niveau européen les entreprises sont en tension telles que cela se répercute sur les salariés. Relevons le rôle des actionnaires jouant une grande part dans le quotidien des professionnels de façon indirecte. Et c’est malheureux car ce qui est généré (par la quête de profit) est ignoré par ceux-là même qui sont loin de la réalité et continuent de penser que ce sont des raisons personnelles qui amènent au mal-être au travail et au cas de suicides. Les actionnaires dorment-ils sur leurs deux oreilles? oui car la nature humaine est ainsi faite que l’ignorance, le déni, l’oubli de penser est inhérente à notre condition. Sans prise de conscience, pas de sentiment, pas de gène, ni regret donc pas de responsabilité pour induire un changement.
Ailleurs et parfois dans de grosses boites, souvent aussi chez les indépendants, on rencontre toutefois des personnes qui s’investissent dans leur job, l’apprécie : des salariés heureux !. Pas de problème avec la hiérarchie etc, alors même s’il ressort une fatigue (vie chargée, peu de repos) ces personnes n’ont pas de soucis à aller travailler et à traverser leur semaine. Nous sommes soulagé cela existe vraiment.
Les cas les plus difficiles et souffrant se retrouvent dans les grands groupes il semble…mais pas toujours. Les soucis d’isolement, relationnel joue parfois au delà de tout critère. L’indifférence pour ses collègues, le mépris relationnel des autres jugés différents, par manque de temps et la peur de se faire « fagociter » agissent. L’on prend alors ses distances le plus souvent laissant les autres à leur sort. Ce n’est ni bien ni mal…mais qui va les aider ? vont-ils chercher de l’aide ? se faire accompagner ?
- En campagne des indépendants comme les agriculteurs souffrent tant de la pression que le mal-être les accablent parfois au point de craquer. Des salariés de collectivités, des fonctionnaires, des employés du privé sont parfois touchés par des stress intenses, des creux où le découragement pointe…des abysses où le repos ne suffit plus à récupérer d’une semaine à l’autre.
- “Pas simple la vie” pourra- t’on philosopher, tenté de refermer le dossier. C’est “comme ça” en inscrivant ces cas, dans la colonne “défaite” de la société, maillons faibles? perte inéluctable?…on avance ensemble, pas en se divisant et en laissant des morts sur le bas côté, ce n’est pas ça le respect de la vie humaine. Ce n’est pas ça le sens de la vie ; naître, faire son chemin et… ne penser qu’à tirer son épingle du jeu? je considère que nous faisons partie d’un ensemble, tous dans le même navire…un bateau commun, pas une galère! mais une grande communauté. Du point de vue humaniste c’est évident, la solidarité et la considération pour chaque être doit primer sur nos intérêts personnels. Oui ce n’est pas facile de suivre précisément la boussole de ce qui est “juste” dans toutes nos actions, non ce n’est pas gagné d’avance. Il faut se casser la tête parfois, renoncer et travailler sur soi pour se faire de la place aux uns aux autres.
- Du courage et des efforts sont à fournir pour se tolérer si ce n’est s’apprécier malgré les différences, nos lacunes, défauts ou tendances imparfaites..l’on pense souvent que c’est compliqué couteux de créer une harmonie relationnelle, mais quand on applique certaines pratiques (méthodes-instructions de méditation guidée par exemple) c’est facile et agréable. Surtout ça redonne la pêche, l’énergie et la gratification. Nous en avons besoin, ce n’est pas un mal! nous préférons être bon, généreux empathiques…c’est bon à notre santé d’ailleurs ! ça renforce notre potentiel, on est plus beau quand on est bon, que lorsque l’on sens vilain, malfaisant et odieux. Seulement parfois on ne sait plus faire, des circonstances nous placent dans le rôle du “bourreau passif invisible et inconscient” on endosse comme une fatalité.
Concrètement la question est là pour moi, comment faire dans le domaine professionnel notamment? que peux t’on proposer comme alternative ? j’aimerais contribuer à changer le système, et notamment les managers sur leur rôle à jouer.
En tant que formatrice, thérapeute et animatrice d’ateliers bien-être, je développe des groupes innovants autour de la qualité de vie au travail. Les lectures inspirantes comme les expériences et les outils créés par le fameux ingénieur de Google, Chade Meng Tan ont été un appui. Ces recommandations font référence dans le domaine à la fois de la performance au travail et du bien-être (individuel et collectif). je vous recommande l’ouvrage “connect to yourself”.
Les ateliers que je propose peuvent être une solution complémentaire, une aide soutenante en cas de recherche d’amélioration du climat relationnel, pour stimuler le groupe et favoriser la transformation personnelle, pour prévenir les “craquages”, ces crises d’équipe où les gens ne se parlent plus, se tolèrent à peine.
Les entreprises de plus en plus vont avoir l’audace de systématiser ce type de rendez-vous “zen” en proposant ce complément “formation” ou ” temps ressource” à sa politique de qualité de vie au travail. De mon point de vue il est incontournable de prendre soin de ses équipes et individus, de créer des dynamiques propices et de sortir du mode pression. Le management qui casse, infantilise et secoue le salarié n’a pas de sens, de nos jours. Comment peux-t’on penser qu’il soit encore efficace? Une dose de créativité et d’ouverture créer de nouveaux horizons… pour :
- de nouveaux mode de conduite d’équipe et avancer vers le leadership,
- le team building positif et l’humour constructif.
- Cela est vrai que l’ambiance entre les employés repose sur des compétences personnelles, c’est-à-dire des qualités intrinsèques. Seule l’évolution psychologique des individus pourra permettre le changement réel au sein des entreprises .
Concernant la compréhension du phénomène des “burn-out” pour lesquels j’ai suivi un cycle de conférence. On sait que les sources de déséquilibre se cumulent pour créer le mal-être profond. C’est multifactoriel c’est vrai, et le travail personnel, en dehors du temps de travail, devrais également permettre à ces individus de passer les épreuves de la vie plus sereinement. Ce n’est pas une raison pour que les choses ne changent pas dans les “boites”, dans les modes de management, dans les fonctionnements.
Un cours de méditation (ou de quoi que ce soit d’autre, yoga, Qi gong, massages) si bon soit-il ne compensera pas les effets délétères d’une pression quotidienne. Ce n’est qu’une synergie des moyens qui peut résorber la souffrance actuelle au travail. Je suis choquée d’entendre régulièrement le nombre de burn-out qui me semble intolérable, il est incroyable d’en arriver là. J’espère que véritablement une évolution plus favorable à la santé et à l’épanouissement de chacun pourra se mettre en place un peu partout. Ma contribution sera là pour apaiser les situations complexes et dénouer les malaises.